Militant pour le respect des droits des animaux, l’association L214 se rend régulièrement sur le terrain pour dénoncer les dérives de diverses formes de détention animale, et notamment à des fins d’élevage. Leur dernière enquête s’est portée sur un élevage de poules en batterie de cages basé en Bretagne. Alimentant notamment deux des plus grandes marques d’œufs vendues en France, cet élevage bafoue la réglementation actuelle établissant les normes minimales relatives à la protection des poules pondeuses.
Faisant suite à une première visite effectuée en juillet 2008, L214 s’est à nouveau rendue en février dernier dans les locaux de l’élevage en question, dont les œufs alimentent la structure Le Cam à Naizin (Morbihan), propriété de la filiale Ovoteam. En l’espace de quelques mois, l’état de santé des poules s’est largement dégradé, les volatiles ayant perdu une grande partie de leurs plumes. Ces derniers ont, par ailleurs, été soumis à l’épointage, technique consistant à couper la pointe du bec, parfois de manière prononcée. Cette pratique vise à prévenir le « picage des plumes », trouble du comportement développé par certaines poules qui, de par le stress et la promiscuité contrainte, arrachent les plumes de leurs congénères.
Le terme de « promiscuité » est toutefois bien faible pour décrire les conditions de détention observées dans l’élevage incriminé. La loi prévoyant une poule par 550 cm2, chaque cage, d’une longueur et d’une profondeur égales de 48 cm, ne devrait pas accueillir plus de trois poules. Pourtant, dans le cas présent, chaque cage recense en moyenne cinq poules, allant parfois jusqu’à six, voire sept.
Aggravées par cette surpopulation, les conditions sanitaires s’avèrent déplorables. Alors que la réglementation actuelle impose une inspection quotidienne de l’intégralité des installations, des cadavres de poules en décomposition jonchent les cages surchargées. Certains de ces cadavres freinent momentanément le convoyage des œufs vers le centre de tri.
En réaction à ces abus, L214 et la Société Nationale de Défense des Animaux (SNDA) ont décidé de porter plainte pour cruauté envers des animaux.
Réalisé en janvier 2000 pour évaluer la perception des élevages de poules pondeuses en batterie par les Français, un sondage révélait que 86 % des personnes interrogées seraient favorables à l’interdiction de ce type d’élevage et à l’obligation de recourir uniquement à l’élevage en plein air, même si cela devait se traduire par une augmentation du prix des œufs.
Pourtant, bien que de plus en plus de circuits de grande distribution, tels que Unilever (marques Amora, Maille), McDonald’s, la marque Repère de Carrefour Belgique excluent de leurs rayons les œufs issus d’élevages en batterie, des groupements de producteurs continuent à inciter à l’installation de ce mode d’élevage. Plus inquiétant, les nouvelles installations sont de plus en plus importantes, comprenant des exploitations pouvant dépasser les 100 000 poules aux dires de l’association.
Outre le fait qu’il nie totalement le respect le plus basique de l’animal, ses dérives s’apparentant à des actes de maltraitance, ce mode d’élevage présente un risque accru d’infection par les salmonelles par rapport aux autres modes de production. Malgré cela, l’élevage en batterie de cages reste aujourd’hui le mode d’élevage de poules pondeuses le plus pratiqué en France d’après L214.
Cécile cassierSource:
http://www.univers-nature.com/inf/inf_actualite1.cgi?id=3804