Alors qu’associations de chasseurs et d'écologistes se mettaient d’accord dernièrement sur des ouvertures prématurées de chasse, applicables à certaines espèces de gibier ainsi que dans quelques régions spécifiques, l’actualité cynégétique est loin d’être positive. En effet, le 15 septembre dernier, jour d’ouverture de la chasse générale, on recensait déjà la mort de deux personnes, victimes d’accidents de chasse.
Selon un récent communiqué de l’ASPAS (Association pour la Protection des Animaux Sauvages), un chasseur a perdu la vie au cours d’une battue organisée le 23 août dans le Val d’Oise, décédé des suites d’un accident de tir. Un scénario qui n’a pas tardé à se répéter puisque, la veille de l’ouverture générale, un second décès survenait dans le département de Haute-Savoie, faisant écho au premier incident.
Si aucun non-chasseur n’a été impliqué dans les cas qui nous occupent présentement, ces incidents mortels n’en illustrent pas moins la dangerosité d’une activité dite de loisirs reposant sur l’usage d’armes à feux.
Si la chasse peut être sujette à discussion, les conditions d’exercice de cette discipline restent pour le moins contestables. Après avoir suivi une formation accessible à tous, chacun est en effet libre de prétendre à l’inscription au permis de chasse, lequel sous réserve de réussite à l’examen octroiera le droit de porter une arme et d’en faire usage. A noter que tout mineur de 15 ans est en droit de s’inscrire à l’examen, même si son permis de chasse ne sera validé qu’à compter de sa seizième année. Plus déroutant encore, les personnes ayant obtenu un permis de chasse, antérieurement au 1er juillet 1976, sont dispensés de passer l’examen, même s’il « leur appartient d’apporter une preuve qu’elles ont bien obtenu le permis de chasse en vigueur jusqu’à l’institution de l’examen ». Cette exemption est également valable pour les « détenteurs d’une autorisation délivrée par les affaires maritimes » (pêcheurs…).
Si l’on considère que les traques et battues réalisées avec des balles réelles se déroulent dans des espaces ouverts au grand public, lesquels subissent une forte fréquentation en période de congés et de week-ends, l’inquiétude semble somme toute légitime. Illustrant la situation actuelle, les chiffres avancés par l’ONCFS (Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage) et repris par la ligue ROC, attestent de 169 accidents de chasse enregistrés au cours de la saison de chasse 2005/2006. Sur ce nombre, on dénombre 24 accidents mortels et 61 accidents qualifiés de « graves ». Au total, 20 accidents ont impliqué des promeneurs.
Dans près de 55 % des cas, ces épisodes sont survenus pendant la chasse au grand gibier (sanglier, chevreuil, cerf, chamois). Si ces données affichent une baisse face aux 203 accidents recensés durant la saison 2003/2004, elles sont relativement stables par rapport à la saison 2004/2005 où 167 « dérapages » étaient comptabilisés.
Si les propositions de certains mouvements écologistes peuvent paraître radicales, des mesures telles que la mise en place de contrôles d’aptitudes médicales (vue, ouïe…) tous les 10 ans, ou encore l’appel lancé par l’ASPAS à l’arrêt de la chasse le dimanche, semblent être des compromis honorables.
Nombreux sont ses défenseurs à arguer que la chasse n’est pas l’unique loisir à présenter des risques. Néanmoins, il est rare que ces activités mettent en danger la vie de personnes étrangères à ces disciplines. Les promeneurs, les cavaliers, les cueilleurs, et même les animaux paissant dans les prés ou les chiens accompagnateurs ne peuvent pas en dire autant vis-à-vis de la chasse. La liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres.
Cécile Cassier