Situé sur la côte Nord-Est de l’île d’Ellesmere, au Canada, à 800 km du pôle Nord, le plateau de glace de Ward Hunt pourrait bientôt ne plus être que l’ombre de lui-même. Au cours du mois dernier, deux morceaux se sont séparés du plateau pour former deux îles de glaces.
La première fragmentation ou « vêlage », survenue le 22 juillet, a donné naissance à un bloc d’une superficie avoisinant les 4 x 2 km. Deux jours après, l’Est de Ward Hunt connaissait un sort similaire, se délestant d’un bloc de glace de 7 x 2 km.
Bien qu’elles ne semblent pas être problématiques à l’heure actuelle, ces deux îles de glace pourraient s’avérer une gêne pour la circulation maritime si elles venaient à dériver vers le Sud. C’est du moins le scénario vers lequel s’orienterait l’île de glace issue du plateau d’Ayles, actuellement prisonnière de la banquise d’hiver au large de la côte de l’île d’Ellesmere, dans l’hypothèse où celle-ci parviendrait à se libérer. Par un processus identique, cette dernière s’était désolidarisée de son bloc initial le 13 août 2005. D’une taille estimée à 66 km², cette scission marqua la plus grande rupture opérée dans la zone Arctique au cours des 30 ans qui la précédèrent.
Outre le fait d’être un obstacle potentiel pour les flux maritimes, ce phénomène est particulièrement préoccupant au regard des écosystèmes qu’abritent ces glaciers. Et bien qu’il ne soit pas irréversible, la lenteur avec laquelle les blocs de glace se reconstituent reste un handicap majeur. D’autant qu’il y a fort à parier que ces incidents ne manqueront pas de se reproduire à l’avenir.
Cécile Cassier