Les Dongria Kondh, une tribu indienne d’environ 8000 individus, sont plus que jamais décidés à empêcher la compagnie britannique Vedanta de construire une mine de bauxite (1) dans la région montagneuse de Niyamgini, située dans l’état de l’Orissa en Inde Orientale. Ainsi, mercredi dernier, près de 150 indiens ont bloqué la route donnant accès à la colline après avoir appris que la compagnie initiatrice du projet minier souhaitait mener une expertise en vue du futur aménagement. Mais, dès vendredi, les manifestants ont été contraints de démanteler leur barrage sous la pression exercée conjointement par la police et les employés du groupe minier.
Pour autant, ce recul ne signe pas la fin de la résistance indienne, bien au contraire. Si l’on en croit l’organisation mondiale Survival International, militant pour les droits des peuples indigènes, une centaine de villageois tenterait toujours de bloquer le passage des véhicules de Vedanta alors que l’ensemble de la tribu s’apprêterait à prendre les armes pour contrecarrer les plans d’exploitation.
Si les membres de la tribu indienne semblent de plus en plus déterminés à stopper l’avancée du projet, il ne s’agit pourtant pas du premier rebondissement. Les mouvements de révolte ont débuté dès l’annonce du verdict de la Cour Suprême indienne, laquelle validait le 8 août dernier le projet de mine à ciel ouvert de Vedanta. En réaction, entre 30 et 40 villageois avaient alors barré la route d’accès à l’aide de troncs et de bannières clamant : « Nous sommes les Dongria Kondh. Vedanta ne peut pas nous prendre notre montagne ».
Une colère plus que légitime face aux conséquences désastreuses que la construction de la mine aurait sur les écosystèmes environnants, et par voie de conséquence sur les peuplades qui dépendent de ces milieux pour assurer leur subsistance. Attribuant des vertus sacrées au site de Niyamgini, les Dongria Kondh se nourrissent essentiellement des richesses que leur dispense la montagne. Ils mettent ainsi à profit les versants pour établir leurs cultures agricoles, auxquelles s’ajoutent les cueillettes en forêts. Mais si les forces engagées semblent pour le moins inégales, opposant une puissante compagnie minière, soutenue par les autorités gouvernementales, et une tribu indienne isolée, tout espoir n’est pas perdu. Il n’est pas impossible que les freins successifs mis à l’ouverture du chantier finissent par avoir raison de l’obstination du groupe Vedanta, à l’image de l’entreprise Tata Motors contrainte de délocaliser l’usine de construction de la voiture Tata Nano suite à une révolte paysanne. Cependant, dans ce cas précis, les manifestants bénéficiaient d’un relatif soutien des autorités communistes bengalaises.
Cécile Cassier
1- Le bauxite est un minerai dont est extrait l’aluminium.