L'année 2008 a été déclarée année de la grenouille par l'association des zoos et des aquariums, qui multiplie les initiatives pour lutter contre la crise d'extinction des amphibiens. Les grenouilles et les autres amphibiens sont un élément vital de l'écosystème mondial, et des indicateurs de la qualité globale de l'environnement. Hélas, près de 50% des amphibiens risquent l'extinction. Des chercheurs européens ont peut-être trouvé la clef permettant de renverser cette tendance.
Au niveau mondial, les scientifiques s'interrogent sur le déclin massif et soudain des populations d'amphibiens. Tout ce qu'ils savent, c'est que la propagation à une vitesse sans précédent de maladies infectieuses, comme la chytridiomycose, en est une cause majeure. L'infection est causée par des champignons chytridiomycètes, notamment Batrachochytrium dendrobatidis. On considère que ce champignon est originaire d'Afrique du Sud. Lorsqu'il est introduit dans un nouvel habitat, il se propage le long des cours d'eau ainsi que par contact entre les amphibiens. Il prolifère dans les habitats humides et frais.
Actuellement, il est impossible d'enrayer le développement du champignon dans la nature, et seule une minorité d'espèces semble capable de survivre à une infection, à l'état adulte ou larvaire. Une fois infectés, ces animaux servent de réservoir et de vecteur pour d'autres épidémies. Tous les amphibiens n'y sont pas sensibles, certains y sont mêmes très résistants, par exemple le crapaud buffle, la grenouille-taureau d'Amérique et le crapaud à griffe d'Afrique australe.
La préservation de la faune amphibienne pourrait avoir un nouvel allié. Des chercheurs de l'université Jagiellonian de Cracovie (Pologne) et du centre Helmholtz pour la recherche environnementale (UFZ) ont étudié le génome des amphibiens et découvert plus d'un locus de Complexe majeur d'histocompatibilité (CMH) de classe 2, chez un amphibien urodèle. Ces gènes sont vitaux pour le système immunitaire des amphibiens, car ils produisent des protéines essentielles permettant de lutter contre les pathogènes. Autrement dit, ces gènes sont capables de reconnaître et de combattre les maladies qui se manifestent.
Nos connaissances sur les défenses immunitaires des amphibiens sont encore très restreintes. Avant cette étude, on pensait que le gène CMH n'était pas spécialement important. Cependant, l'étude réalisée par ces chercheurs a remis en question cette théorie. Wieslaw Babik, l'auteur principal, a mené cette étude dans le cadre d'un projet collaboratif entre l'université de Cracovie et l'UFZ à Halle-Saale. Elle a été financée par la fondation Alexander von Humboldt, et les résultats ont été publiés dans la revue Molecular Ecology.
Les scientifiques ont étudié diverses populations du Triton alpestre (Mesotriton alpestris) en Pologne. Cet animal est le premier amphibien urodèle d'Europe chez qui l'on a étudié le CMH, et le premier où l'on ait trouvé plus d'un locus CMH II.
La recherche s'est également basée sur des études antérieures d'ADN, qui avaient montré que la population polonaise du Triton alpestre avait atteint relativement rapidement une diversité génétique importante, en ses 10000 ans d'histoire.
Source : notre- planète.info