Madagascar, considéré comme un trésor de la
biodiversité mondiale, a fait l'objet d'une ambitieuse étude
internationale modèle dévoilée jeudi aux Etats-Unis et destinée à aider
son gouvernement à préserver au mieux cet héritage naturel sans pareil
a élaboré un programme très détaillé de préservation portant sur plus
de 2.300 espèces animales et végétales réparties sur la totalité de
l'île d'une superficie de 589.269 km2, soit un peu plus que la France.Leur
catalogue comprend des données sur de multiples espèces de fourmis, de
papillons, d'oiseaux, de grenouilles, de lézards geckos et autres
reptiles, de lémuriens, une espèce de primate unique à Madagascar,
ainsi que de nombreuses plantes.Ces scientifiques ont ensuite
élaboré une carte des zones jugées les plus sensibles et qui devraient,
selon eux, être prises en considération dans l'élargissement de la
réserve naturelle existante.Ces zones recouvrent plusieurs
régions sur les massifs du plateau central et le littoral, où la
couverture forestière est peu dense mais où l'on trouve une très
importante biodiversité. Or, ces régions ont été négligées dans le
passé, ce qui s'est traduit par une diminution des populations de
nombre d'espèces entre 1950 et 2000.Le gouvernement de
Madagascar a prévu de s'appuyer sur les résultats de ce projet et sur
ses recommandations pour tripler la superficie actuellement protégée et
la porter de 20.234 à 60.700 km2."Cette étude de plusieurs
années est un modèle qui va aider Madagascar à atteindre ses ambitieux
buts de préservation de la biodiversité", souligne Steven Sanderson,
président de la "Wildlife Conservation Society", une importante
organisation privée américaine de défense de la nature basée à New York."En
combinant d'énormes volumes de données grâce aux logiciels
informatiques les plus avancés, nous avons pu identifier les priorités
de préservation avec un haut degré de précision sur d'énormes
superficies", explique Alison Cameron de l'Université de Californie à
Berkeley (ouest), un des principaux co-auteurs de cette étude."Ces
travaux ont élevé le niveau de ce qu'il est possible de faire en
matière de programme de préservation", souligne Claire Kremen, une
biologiste de Berkeley selon qui ce modèle de préservation peut être
appliqué à d'autres hauts lieux de la biodiversité terrestre."Préserver
la biodiversité sous des pressions énormes telles que la destruction
des habitats naturels et le réchauffement climatique, constitue l'un
des plus grands défis environnementaux du 21ème siècle", juge cette
scientifique qui a travaillé sur ce projet avec la "Wildlife
Conservation Society"Selon certaines estimations, environ la moitié des espèces végétales et trois-quarts des animaux vertébrés sont concentrés dans des hauts-lieux de la biodiversités qui ne représentent que 2,3% de la superficie de terre ferme de la planète. Et Madagascar compte pour une grande part de ces trésors de la nature.
C'est ainsi que 80% des animaux de cette île n'apparaissent pas naturellement ailleurs sur la planète, soulignent ces chercheurs. Ils précisent que la moitié des caméléons du monde et la totalité des lémuriens ne se trouvent qu'à Madagascar, comme nombre d'autres espèces de plantes, d'insectes, d'oiseaux, de mammifères et de reptiles.