La gazelle tibétaine est endémique au plateau du Tibet. Au début du 20ème siècle, elle était présente sur un territoire de 20 000 km2 à Ladakh en Inde. Des études menées en 2000 ont démontré que les effectifs avaient chuté jusqu’à atteindre un seuil critique.
Aujourd’hui il reste moins d’une centaine d’animaux répartis dans la vallée de Henle et le plateau de Kalak Tartar pour un territoire de 100 km2.
La population côté Tibet n’a pas non plus été épargnée par ce déclin, bien que le noyau soit plus important. Si rien n’est fait très rapidement,
l’extinction de la gazelle à Ladakh est donc inéluctable. Des recherches ont été menées pour identifier les causes de cette baisse alarmante des effectifs qui résulte d’une combinaison de facteurs : pression de la chasse, dégradation du milieu naturel, extension des pâturages pour le bétail. Outre la concurrence pour la nourriture avec le bétail, la petite population de gazelles a subi cette année plusieurs tempêtes de neige qui ont conduit la plupart des animaux à mourir de faim, comme durant l’hiver 1998-1999. Un petit troupeau avait pu quitter le plateau de Kalak Tartar pour s’établir dans la plaine de Raque mais cette zone est traversée par une route reliant plusieurs postes militaires et la présence de chiens errants devenus prédateurs potentiels n’ont pas permis à cette petite population de se développer. Par ailleurs, il a été constaté que les ongulés sauvages pouvaient contracter diverses maladies propagées par les animaux domestiques.
Les gazelles évitent donc les zones où paissent les moutons et les chèvres. En revanche, elles semblent très bien supporter la présence des yaks domestiques et des kiang. La plus grande partie de la population de gazelles vit dans la vallée de Hanle. Les habitants de la région étaient des nomades mais ils sont de plus en plus nombreux à se sédentariser. Dans les années 1950, la population humaine avait déjà considérablement augmenté avec l’arrivée des réfugiés tibétains. Corrélativement, le nombre des troupeaux d’ovins et de caprins a augmenté. La chasse intensive a peu à peu été maîtrisée dans les années 1980 mais l’extension des pâturages a progressé. La pashmina est la principale ressource locale ; La laine provient de la chèvre changra dont l’élevage s’est intensifié ces dernières années.
Un programme de conservation a donc été mis en place en 2005. Il doit s’étaler sur une durée de 10 à 15 ans et permettre à la population de gazelles d’atteindre un seuil de 500 animaux. Parmi les mesures établies : restaurer et agrandir le territoire des gazelles en réduisant les pâturages (compensation en approvisionnant en fourrage les animaux domestiques) et en permettant des connexions avec la population du Tibet, déviation de la route qui traverse le territoire des gazelles, vaccination des troupeaux d’ovins et de caprins, élimination des chiens errants. En plus d’informer et de sensibiliser les habitants à la protection des gazelles tibétaines, il est prévu de constituer des équipes de surveillance (les habitants sont embauchés en priorité) qui contrôleront les activités de chasse et récolteront les données qui seront ensuite transmises aux scientifiques.
Sylvie CARDONA
Co-Fondatrice d’AVES FRANCE
Chargée de mission
Adresse de contact : Mairie de Dornes
Bureau local AVES FRANCE - Nièvre
A l’attention de Sylvie Cardona
58390 Dornes
sylvie.cardona@aves.asso.frTél. : 06.28.08.23.46
Source : Aves