Samuel Auger
Le Soleil.
Québec
La chasse commerciale controversée des phoques ne sert pas que les intérêts de l’industrie de la mode. Plusieurs transformateurs récupèrent sa chair et transforment le gras en huile oméga-3 très en demande en Asie. Les opposants soutiennent que cette industrie est marginale, mais le gouvernement prétend qu’elle assure jusqu’à 35 % du revenu annuel des chasseurs.
«C’est une industrie assez rentable pour nous. Il y a beaucoup de potentiel pour tout ce qui vient du phoque», soutient Dion Dekans, porte-parole du transformateur Atlantic Marine Products, situé à Katalina, à Terre-Neuve. Sa province aura droit cette année à 70 % des quotas de chasse octroyés par le gouvernement fédéral; le reste est accordé au golfe du Saint-Laurent.
Devenue un rite annuel, l’ouverture de la chasse aux phoques apporte son lot de controverses. Parmi les arguments soulevés par les opposants : les loups marins sont tués pour leur fourrure puis abandonnés. «C’est vrai que la fourrure est le produit le plus rentable, mais ce n’est pas tout, se défend Dion Dekans. En commercialisant le gras, on récupère une masse de 50 livres. Tout le reste, la carcasse, ça ne pèse que 20 livres. Et ça, c’est seulement si on décide de ne pas prendre la viande. C’est un ratio de loin supérieur à tout ce qui se fait dans l’industrie bovine et avicole.»
Populaire en Asie
Atlantic Marine Products commercialise une variété de produits issus du phoque, allant de la viande aux suppléments d’oméga-3. «Toutes nos huiles sont populaires en Asie. C’est un marché en développement important», ajoute le porte-parole. Des coopératives du golfe du Saint-Laurent cherchent quant à elles à mettre en valeur les produits dérivés du loup marin dans les boucheries et les bonnes tables du coin. Selon une étude réalisée à l’Université de Terre-Neuve, la chair du mammifère aurait une teneur plus élevée en protéines, en vitamines et en minéraux que la viande rouge, tout en contenant moins de gras et de cholestérol.
Le vice-président du transformateur TAMASU cherche lui aussi à profiter pleinement du loup marin. «Ce que les gens voient dans les images, ce sont les carcasses. Mais il n’y a pas grand-chose à récupérer. La viande se trouve dans les nageoires, et les chasseurs les récupèrent, explique Paul Boudreau. On utilise presque entièrement les phoques, mais c’est vrai que la viande est surtout pour les Îles et pour Terre-Neuve. On n’en exporte pas beaucoup», nuance-t-il toutefois.
Les avis divergent sur l’importance économique de la chasse aux phoques. Les mouvements de défense des droits des animaux accusent Ottawa de subventionner un secteur moribond représentant 1 % de l’économie des Maritimes. Cette pratique cruelle ne procure souvent que des revenus annuels de 1000 $, selon le Fonds international pour la protection des animaux. Pêches et Océans Canada nie pour sa part toute subvention directe et affirme que cette chasse représente jusqu’à 35 % du revenu annuel des pêcheurs.
Source : cyberpresse.ca