Un sondage CSA, réalisé les 20 et 21 mai derniers pour la Fédération nationale des chasseurs, a dressé un état des lieux de l’opinion des Français sur la pratique de la chasse. Pour répondre aux besoins de l’enquête, 1 007 personnes âgées de 18 ans et plus ont été interrogées quant à leur position sur cette activité.
De prime abord, il semble que l’opinion des Français ait positivement évolué au cours de ces dernières années. Ainsi, à l’heure actuelle, 48 % des personnes interviewées déclarent avoir une bonne opinion de la chasse contre 49 % d’avis réfractaires. Sur ces 48 % de réponses favorables, 39 % nuancent leurs propos en disant en avoir une « assez bonne » opinion.
Mais cette réserve n’enlève rien au fait que les mœurs françaises tolèrent mieux aujourd’hui la chasse qu’il y a quelques années. En effet, en 1989, seuls 30 % des Français voyaient cette activité de manière positive. Passé à 47 % en 2002, ce chiffre a stagné jusqu’en 2008.
En toute logique, l’image renvoyée par le chasseur suscite la même division auprès du public. Ainsi, même si 49 % des citoyens rejettent encore l’image d’un bon chasseur, 47 % reconnaissent avoir une bonne opinion des pratiquants. Pourtant, ces chiffres demandent à être interprétés car il n’est certes pas anodin que 44 % des individus questionnés comptent parmi leurs proches un chasseur.
Face à des positions aussi également réparties, il est intéressant de s’interroger sur les raisons qui ont motivé ce revirement en faveur de la chasse. Parmi les motifs invoqués, 67 % pensent que les chasseurs jouent un rôle positif dans la lutte de la prolifération de certaines espèces (sangliers…), 65 % estiment qu’ils sont un moyen de surveillance de la nature et des animaux (grippe aviaire…) et 60 % qu’ils agissent en faveur de la préservation de la nature et de l’environnement. Alors que l’agriculture et l’urbanisation croissante empiètent de plus en plus sur les habitats de la faune, les bénéficiaires de ces expansions voient certes d’un bon œil la fonction de régulation des chasseurs face aux animaux délogés.
Si la cause environnementale a influencé le débat, elle n’est pourtant pas la seule utilité que l’on reconnaît à la chasse. Ainsi, même si 47 % admettent que la chasse n’est pas un loisir comme les autres, 64 % estiment que cette activité favorise la convivialité au sein des communes et la même part de pourcentage voit en le maintien de la chasse la préservation des pratiques culturelles rurales.
Mais alors que bon nombre de personnes semblent percevoir la chasse comme un divertissement, 68 % maintiennent que la chasse est cruelle pour les animaux. Conscients de ce que l’utilisation d’armes à feux en des lieux publics implique, 42 % pensent par ailleurs que les chasseurs ne respectent pas les règles de sécurité. Dernière contradiction, si l’image du chasseur n’est plus aussi négative qu’auparavant, 47 % des Français pensent encore que les chasseurs ne respectent pas les autres personnes fréquentant également la nature.
Si les réponses mises bout à bout sont pour le moins paradoxales, il est encore plus surprenant de constater que 73 % avouent n’avoir jamais assisté à une partie de chasse. Dès lors, il paraît plutôt délicat de donner son point de vue sur une activité dont on ignore le déroulement. Plus révélateur encore, 85 % des Français ont répondu non à la question : « Aimeriez-vous être invité à assister à une chasse ? » Aussi, si 48 % des personnes sollicitées se positionnent en faveur de la chasse, elles préfèrent néanmoins que cela ne se déroule pas sous leurs yeux.
Cécile Cassier