L’hippopotame : le cheval géant du fleuve.Quand l'hippopotame émerge son énorme tête, certains y ont vu une comparaison avec celle du cheval d’où son nom de baptême, du grec « hippo », cheval et « potamos », fleuve.
Les hippopotames, comme les cochons ou les pécaris, sont des suiformes, groupe d’ongulés artiodactyles c’est-à-dire dotés d’un nombre pair de doigts.
La particularité des suiformes est l’absence de rumination bien que leur régime alimentaire soit principalement végétarien.
Vivant le long des fleuves et des lacs de l’Afrique intertropicale, l’hippopotame est parfaitement adapté à une vie semi aquatique. Il peut voir et entendre sous l’eau.
Il mène une double vie : le jour, il vit sous l’eau. La nuit, il émerge pour paître. Il ne paisse que 5 heures par nuit mais réussit à consommer jusqu’à 40 kg de végétation. Cette quantité peut sembler énorme mais est assez faible pour un animal qui peut peser plus de 3 tonnes et mesurer jusqu’à 4,5 m de long.
L’hippopotame mange la nuit pour éviter toute activité pendant les heures chaudes de la journée. Dès le lever du soleil, il retourne dans l’eau.
Origines des hippopotamesLes plus anciens spécimens fossiles datent de la fin du Miocène (25 à 5 millions d’années). Son origine n’est pas vraiment connue. Des scientifiques ont avancé l'hypothèse qu'il est le descendant d’un groupe disparu, les anthracothéridés dont le membre le plus connu est le Merycopotamus.
Cependant, cette espèce est postérieure à l’hippopotame puisqu’elle vivait il y a environ 2 millions d’années. Il s’agit donc plus probablement d’une espèce au mode de vie similaire.
Les dernières études génétiques montrent que les hippopotames sont plus proches des baleines que des autres ongulés.
On sait qu’il y a 5 ou 6 millions d’années, plusieurs espèces d’hippopotames vivaient en Afrique et en Asie jusqu’à quelques milliers d’années seulement.
Récemment disparu, Hippopotamus lemerlei était un hippopotame nain qui vivait dans les cours d'eau de Madagascar.
Un gisement riche en fossiles découvert en Tanzanie a permis de mieux comprendre l’évolution d’une lignée, aujourd’hui éteinte, celle de l’hippopotamus gorgops.
Il n’est pas l’ancêtre direct de l’hippopotame moderne mais a permis d’analyser l’adaptation des mammifères terrestres à une vie aquatique.
Il apparaîtrait qu’au cours de son évolution, la taille de l’animal s’est accrue avec un allongement du crâne et un mouvement des cavités orbitaires sur le haut de la tête.
Comme chez les crocodiles, la position haute des oreilles, des yeux et des narines, permet de rester immergé tout en respirant.
En plongée, des muscles spéciaux assurent la fermeture des narines et les oreilles se plaquent contre la tête.
Hippopotame commun et hippopotame nainLes deux genres d’hippopotames ne comportent chacun qu’une seule espèce. L’hippopotame nain est considéré comme plus primitif que son cousin.
En effet, les yeux sont placés plus bas ce qui rend cette espèce moins aquatique.
deux exceptions près, l’hippopotame nain est, en plus petit format, la copie de son énorme cousin.
Ses yeux sont moins proéminents et son museau camus révèle un régime alimentaire moins axé sur le broutage.
C’est un animal discret et solitaire qui fréquente les marais des grandes forêts d’Afrique occidentale. Il n’a été découvert qu’en 1844.
Cette espèce naine pèse au maximum 275 kilos pour une taille d’un mètre au garrot maximum. Etudié depuis seulement 1980, la vie sociale de l’hippopotame nain est méconnue. On l'observe souvent seul ou en couple. Il passe la journée caché dans un marais ou dans un terrier de loutre creusé dans une berge. Son régime varié comprend des racines et des fruits.
Caractéristiques de l’hippopotame communToute la masse de cet animal est concentrée dans son corps cylindrique. Son poids est soutenu par de courtes pattes terminées par quatre doigts.
Son apparente lourdeur est trompeuse car il évolue avec beaucoup d’aisance sous l’eau et peut courir à 45 km/h.
Ce qui frappe le plus chez cet animal est son énorme gueule et sa dentition impressionnante. Sa mâchoire inférieure porte de grandes incisives dirigées vers l’avant et surtout des canines très développées.
Ces canines sont de véritables dagues qui peuvent mesurer plus de 60 cm. La plus longue jamais retrouvée mesurait 64,5 cm.
Il est capable d’ouvrir son énorme gueule selon un angle de 150 degrés.
Leur peau, bien qu’épaisse, est très sensible. C’est d’ailleurs pour cette raison que l’hippopotame a choisi cette vie aquatique. Au cours des quinze derniers millions d’années, la forêt a largement diminué. De ce fait, il a dû trouver refuge dans l’eau.
Sa peau est dépourvue de poils protecteurs sauf au niveau des lèvres, des oreilles et au bout de la queue.
Pour lutter contre la chaleur, l’hippopotame ne dispose pas de glandes sudoripares, ni d’aucun autre moyen pour réguler sa température interne.
Par contre, les deux espèces disposent de glandes cutanées qui sécrètent un liquide oléagineux rougeâtre.
Ce liquide a un rôle protecteur vis-à-vis du soleil car il sèche hors de l’eau et forme une croûte protectrice. Il a également un rôle anti-infectieux.
Sa longévité est de 30 à 40 ans en liberté. En captivité, le record est de 54 ans.
L’hippopotame commun peut affronter l’eau de mer. Ce n’est pas un excellent nageur mais on a observé des individus traverser à la nage les 30 Km qui séparent la côte de la Tanzanie des îles de Mafia et de Zanzibar.
De même, malgré sa corpulence, il est capable de grimper au sommet de falaises de 15 m de haut par des sentiers à pic.
La vie sociale de l’hippopotameLes hippopotames vivent en groupes de 10 à 15 individus en moyenne et jusqu'à 40 individus. Un groupe est essentiellement composé de femelles et de leurs petits. Elles restent sur un territoire contrôlé par un mâle dominant. Il ne tolère d’autres mâles que si ces derniers se soumettent à son autorité.
En période de pluie, alors que les mares sont vastes et la végétation abondante, ces groupes mènent une vie paisible.
Les différents groupes se côtoient sans s’affronter sur les rives. La hiérarchie sociale est stricte. D’un côté, les femelles qui ont un petit, de l’autre les femelles sans progéniture, et à l’écart les mâles immatures surveillés de près par le chef.
Les affrontements sont ritualisés. En principe, la menace d’une mâchoire largement ouverte suffit à établir la supériorité du mâle dominant.
Le fait de remuer la queue ou de déféquer est un signe de soumission.
Par contre, quand deux mâles de même puissance se rencontrent, le combat est inévitable en cas de provocation.
Cette lutte peut durer des heures et devenir dangereuse. Tout d’abord, on intimide l’adversaire en ouvrant grand sa gueule ; ruades, plongeons, grognements, éclaboussements suffisent en principe à soumettre l’un des mâles.
Mais, si toutes ces menaces restent sans effet, les protagonistes cherchent à se mordre au cou ou au jarret.
Ces rixes sont potentiellement mortelles car les canines inférieures infligent de sérieuses blessures.
Dans un groupe, les petits sont étroitement surveillés par toutes les femelles. Les hippopotames communiquent en permanence et y compris sous l’eau. Ils utilisent un vaste répertoire de sons.
La vie communautaire des hippopotames devient particulièrement difficile en période sèche. Les lagons diminuent de moitié et ils sont obligés de se regrouper dans quelques mares étroites et boueuses.
De nombreux hippopotames meurent alors de chaleur, de malnutrition et de maladies.
La reproduction des hippopotames
Une femelle atteint sa maturité sexuelle à 9 ans et environ 7 ans pour le mâle.
L’acte sexuel s’effectue dans l’eau. Le mâle dominant n’est pas d’une grande douceur et maintient sa partenaire sous l’eau ; cette dernière ne relève la tête que pour reprendre sa respiration.
Par contre, pendant les préliminaires, le mâle montre une grande politesse. Il effectue un long rituel de courtoisie pour appâter sa partenaire.
La période de reproduction coïncide avec la période sèche soit d’avril à août. La gestation dure 227 à 240 jours.
La mère met au monde un unique petit, très rarement des jumeaux. A la naissance, le bébé pèse déjà près de 50 kg.
Dans un groupe, la proportion de femelles enceintes est faible ; il est vrai qu’une femelle n’est fécondable que pendant 3 jours.
Les naissances sont en moyenne espacées de deux ans : 8 mois de gestation, un an de lactation et 4 mois de repos complet.
Les petits naissent à la saison des pluies, au moment où la végétation est abondante. Au moment de mettre bas, la femelle quitte son groupe pour aller sur la terre ferme ; il arrive que le petit naisse dans de l’eau peu profonde auquel cas, sa mère l’aide à rejoindre la berge.
Après la naissance, mère et petit restent ensemble, isolés du groupe afin que les liens s’établissent entre eux.
Elle défend farouchement son petit contre les prédateurs et les mâles. Malgré toute son attention, le taux de mortalité est élevé la première année.
Lions, hyènes et mâles agressifs sont une menace constante ainsi que la maladie. On comptabilise un taux de mortalité de plus de 20% la première année.
Pendant les 4 à 8 premiers mois, la mère confie son petit à une véritable « crèche ». Les autres femelles prennent en charge l’éducation du jeune.
Ce n’est qu’à 6 mois, que le père commence à s’intéresser à son rejeton. Ils organisent alors des simulations de combat et de véritables batailles navales.
Le petit se sert du dos de son père comme plongeoir.
De même, les jeunes hippopotames jouent avec des éléphanteaux. Le jeu consistant à ouvrir grand la bouche pour que le petit éléphant y plonge sa trompe ; chacun s’éclaboussant au maximum.
Plusieurs fois par jour, le petit vient téter sa mère. Bien que l’allaitement dure un an, le petit goûte à l’herbe dès l’âge d’un mois.
Sa croissance est rapide et à un an, il pèse déjà 250 kg.
Les liens avec sa mère sont si forts qu’il reste près d’elle plusieurs années. La femelle reste souvent au sein du groupe tandis que le mâle devra acquérir sa maturité sociale pendant ses vingt premières années, avec chaque année, son lot de combats rituels.
L’avenir des hippopotames
Les aires de répartition des deux espèces se sont fortement réduites et morcelées. Les plus fortes densités de population sont observables an Afrique équatoriale, à l’est du Zaïre et en Ouganda.
Le dernier hippopotame d’Egypte a été tué en 1816. Il a pratiquement disparu en Afrique du Sud à cause d’une chasse intensive.
L’hippopotame nain se cache au fond des forets équatoriales et sa population exacte n’est pas connue.
Encore chassé actuellement pour sa chair et l’ivoire de ses dents, l’hippopotame est hautement protégé.
Le problème vient surtout de la réduction de son habitat. Cet animal est protégé dans 22 pays mais les guerres civiles et le braconnage ont abouti à un déclin de cette espèce.
Mais, de manière générale, ce déclin est dû au développement des activités humaines.La cohabitation entre l’homme et l’hippopotame n’est pas facile. Les animaux n’hésitent pas à renverser les barques des pêcheurs ou à les charger sur terre. Il y a plus de décès en Afrique à cause de ce genre d’accidents que par les attaques de félins ou de serpents.
L’hippopotame nain est, lui, menacé d’extinction. Alors qu’on le connaît à peine, sa survie ne pourra être assurée que dans des zoos.
Au Liberia qui n’applique aucune protection de la faune, la déforestation extermine progressivement l’espèce.
Il est chassé ailleurs pour sa chair comestible.Il existe cependant, dans ce tableau bien terne, une exception : le Burundi. Ce petit pays abrite environ 1 500 hippopotames.
A certaines périodes, ils n’hésitent pas à envahir de nuit les rues de la capitale pour brouter les pelouses.
La cohabitation entre hommes et hippopotames est ici très pacifique.