Le vautour percnoptère, plus petit vautour français, semble être parvenu à se refaire une modeste place dans le Sud-Est de la France. Représentant l’un des deux noyaux principaux de population du rapace à l’échelle nationale, cette région avait vu ses effectifs décroître de 50 % en l’espace de 50 ans. Face à ce constat, la LPO (Ligue pour la protection des oiseaux) coordonne un plan de protection pour enrayer le déclin des vautours percnoptères de cette zone, dont une partie a été financée par l’Union Européenne dans le cadre du programme "LIFE Nature" durant la période 2002-2007.
Concrètement, les moyens déployés ont consisté en la réintroduction de 13 nouveaux couples dans le Sud-Est français
(1), dont 8 concentrés dans les zones d’intervention du LIFE
(2), faisant ainsi passer le nombre initial estimé en 2002 de 23 couples à 36 en 2007. D’autre part, afin de compenser la raréfaction de leur nourriture, 143 tonnes de denrées alimentaires ont été distribuées via les 54 aires de nourrissage (dont 42 nouvelles) présentes dans les zones d’intervention du LIFE. Enfin, des opérations de surveillance ont accompagné la mise en place des placettes d’alimentation, aboutissant à la prise de quelque 5 400 photographies des spécimens observés. Le même dispositif appliqué aux aires de reproduction a réquisitionné pas moins de 120 surveillants pour assurer plus de 11 300 heures de mobilisation. Ultime touche à l’édifice, la communication autour de ces oiseaux, encore largement méconnus, a été favorisée afin de sensibiliser le grand public sur leur rôle éminemment écologique d’équarrisseur naturel.
Grâce à des interventions de ce type, le vautour percnoptère a enregistré une progression de 22 % en l’espace de 8 ans sur la totalité du territoire français. Etabli dans les Pyrénées, l’autre noyau majeur de population semble s’être stabilisé et oscille entre 50 et 60 couples. Un sort que ne partagent pas les populations implantées dans le reste de l’Europe. En Bulgarie, Italie, Yougoslavie, Croatie et Macédoine, elles ont chuté de plus de 50 %. Désormais disparu de Bosnie et de Serbie, ses effectifs ont dégringolé de plus de 80 % en Grèce.
Inscrit à l’annexe I de la directive européenne Oiseaux et également recensé dans la catégorie des espèces « en danger » de la Liste Rouge de l’IUCN (Union mondiale pour la conservation de la nature), le vautour percnoptère est l’unique espèce de vautour migrateur. Il hiverne généralement au Sud du Sahara, à la frontière entre la Mauritanie et le Mali. Cette singularité augmente encore les menaces qui pèsent sur ce petit nécrophage, les obstacles s’élevant sur son parcours migratoire s’ajoutant à la disparition de sa nourriture, aux risques d’empoisonnement, à la chasse et au pillage des nids. Même si elle se dit satisfaite des résultats de ces dernières actions, la LPO entend poursuivre son combat et envisage d’ores et déjà de lancer de nouveaux plans d’actions en faveur de l’espèce à l’échelle tant nationale qu’internationale.
Cécile Cassier
© Dimitri Marguerat/LPO1- Les régions concernées incluent l’Hérault, l’Aveyron, le Tarn, la Lozère, l’Ardèche, le Gard, la Drôme, le Vaucluse, le Var, les Alpes-Maritimes, les Alpes de Haute Provence et les Hautes Alpes.
2- Les zones d’intervention bénéficiant du programme Life Nature comprennent l’Aude, l’Ardèche, les Bouches-du-Rhône, le Gard et le Vaucluse.