PARIS (AFP)
- L'organisation écologiste Greenpeace affirme que les grands groupes forestiers opérant en République démocratique du Congo (RDC) ont mis en place un système d'évasion fiscale grâce à la sous-facturation du bois qu'ils exportent, "pillant ainsi la région et ses populations".
Dans un rapport publié mercredi, l'organisation affirme que ces sociétés fixent des prix de vente - vers d'autres entités du groupe - artificiellement bas, réduisant ainsi le niveau de leurs taxes à l'exportation ainsi que la taxation sur les bénéfices dans le pays d'origine du bois.
"Ce comportement peu scrupuleux, s'il n'est pas maîtrisé, continuera à rendre dérisoires les efforts de la communauté internationale et des bailleurs de fonds en faveur de la réduction de la pauvreté", affirme Greenpeace.
En outre, souligne l'organisation, ces pratiques sont en "contradiction fondamentale" avec l'exigence de protection des zones forestières, qui est un des outils clés dans la lutte contre le changement climatique.
La déforestation compte pour environ 20% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde.
"L'impunité accordée aux sociétés d'exploitation qui se livrent à l'évasion fiscale constitue une incitation financière au développement de leurs activités dans les dernières forêts tropicales humides encore intactes de la planète", affirme le rapport, intitulé "Arnaques au Congo".
L'organisation écologiste met directement en cause le groupe allemand Danzer, dont le siège social est en Suisse, dénonçant la façon dont il opère en RDC, via sa filiale Siforco, mais également au Congo voisin.
Greenpeace affirme en particulier avoir obtenu les résultats d'un audit de la société holding du groupe Danzer réalisé en 2003 par PricewaterhouseCoopers selon lequel les méthodes de transfert sur la base de prix pratiqués par le groupe pourraient ne pas être conformes aux législations locales.
Sollicité par l'AFP, le groupe Danzer a dénoncé des accusations "sans aucun fondement", "absurdes" et "populistes".
Accusant Greenpeace d'essayer de chercher à "ternir" sa réputation depuis des années, le groupe, présent dans la bassin du Congo depuis 1972, affirme que les prix de transfert cités dans le rapport sont cohérents et en ligne avec les réglementations fiscales concernées.
Selon Greenpeace, les "pratiques" du groupe Danzer sont "une norme plus qu'une exception" et "la vaste majorité des exportations est bien réalisée à un prix inférieur à la valeur réelle du marché".
La RDC abrite la deuxième forêt tropicale primaire de la planète après l'Amazonie.
Source :AFP