Face à la dégradation des friches, des landes et des marais, le busard cendré a été contraint ces dernières années de délaisser ses sites de prédilection au profit des cultures agricoles. Pour ce rapace nichant au sol, on comprend aisément le danger évident qu’implique une nidification au sol à même des champs cultivés. Ainsi, en 1999, sur les 1600 oisillons placés sous surveillance en France, 690 auraient été victimes du fauchage de la moissonneuse batteuse. Durement éprouvé, le busard cendré a depuis bénéficié de nombreux programmes de protection et a été reconnu comme espèce protégée à l’échelle européenne par la directive « Oiseaux » et au niveau mondial par la Convention de Bonn.
S’ils ont porté leurs fruits, ces efforts doivent constamment être reconduits pour permettre aux populations sauvegardées de se maintenir. Travaillant en bonne entente avec les agriculteurs, lesquels témoignent d’une certaine bienveillance à l’égard du rapace, des centaines de bénévoles se mobilisent chaque année depuis 30 ans pour assurer l’envol des jeunes busards avant la moisson. Une action nécessaire alors que les moissons commencent de plus en plus prématurément. Selon la LPO (Ligue pour la Protection des Oiseaux), 429 volontaires ont réalisé 5 310 journées de surveillance en 2007, au cours desquelles 1 310 jeunes busards cendrés ont pu avoir la vie sauve. En l’absence de celles-ci, seule la moitié des 2 646 individus observés à l’envol auraient survécu à la récolte, excluant les 1 310 rescapés.
Si la reconversion des surfaces agricoles en aires de nidification est un handicap pour la préservation de l’espèce, elle ne représente pas pour autant l’unique menace pesant sur le busard cendré. Comble de l’ignominie, des indélicats s’attaquent aux nids réfugiés au sein des plantations, laissant pour morts leurs occupants. En attestent les actes de malveillance constatés le 2 juillet dernier dans le Rhône, lesquels ont marqué la mort de six jeunes busards issus de deux nichées distinctes. Suivaient les destructions dans le Jura d’une nichée de deux busards à Saint-Aubin le 4 juillet et d’une nichée de trois jeunes à Longwy-sous-le-Doubs le 20 juillet. Sans raison apparente, les individus en question auraient « piétiné les récoltes et écrasé à coups de pied des poussins âgés d’à peine 20 jours ». Des précédents avaient déjà été observés en 2004 et en 2007.
S’ils restent des cas épars, ces actes de méchanceté gratuite réduisent à néant les efforts nés de la collaboration des organismes de protection avec les cultivateurs. Bien qu’il soit difficile de se prémunir de ce genre de méfaits, le Groupe de Protection des Busards du Rhône (GPBR) a néanmoins jugé bon de porter plainte contre X et a fait une déposition auprès de l’ONCFS (Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage), lequel a dressé un procès-verbal.
Cécile Cassier